Le 09 mars 2021 à Rabat - Dans le cadre du Programme Conjoint « Appui à l’évaluation des politiques publiques en faveur d’un développement humain équitable » entre l’Observatoire National du Développement Humain (ONDH) et le Système des Nations Unies, une analyse des discriminations intersectionnelles des femmes au Maroc a été établie. A cet effet, un webinaire de présentation de l’étude a eu lieu, en présence de M. El Hassan El Mansouri, Secrétaire Général de l’ONDH, Mme. Sylvia Lopez-Ekra, Coordinatrice Résidente des Nations Unies au Maroc, Mme.Leila Rhiwi, Représentante d’ONU Femmes au Maroc, le mardi 09 mars 2021 à 09h30 au siège du Bureau de Coordination des Nations Unies.
Cet évènement, projeté via la plateforme Zoom, a connu la participation d’une soixantaine de participants par visioconférence, notamment des représentants des différents départements ministériels.
L’égalité des sexes constitue l’un des objectifs majeurs du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Elle implique en particulier de faire en sorte que toutes les femmes et les filles jouissent de chances et de droits équitables, quels que soient leur lieu de résidence, leur âge, leur classe sociale, leur capacité ou autre.
Compte tenu de ses attributions en matière d’évaluation des politiques publiques, et s’inscrivant dans la complémentarité des travaux réalisés sur la question du genre, l’ONDH s’est attelé à analyser les inégalités qui existent entre différents groupes de femmes et de filles. Alors que généralement, ce sont les inégalités de genre qui sont le plus souvent étudiées, des différences d’accès aux ressources, aux services et aux possibilités peuvent exister entre certaines catégories de femmes et de filles, entraînant des discriminations accentuées entre les femmes.
S’appuyant sur les données issues de l’enquête panel de ménages de l’ONDH et enrichie par des investigations de terrain,cette étude a mis en évidence les inégalités touchant les femmes et les filles au Maroc à travers l’examen de plusieurs indicateurs de résultats liés aux ODD, notamment l’éducation, la santé, l’emploi, le mariage précoce et la violence faite aux femmes et aux filles. Elle a également souligné les causes profondes de ces inégalités généralement déterminées par des facteurs structurels sous-jacents et souvent ancrées dans les institutions économiques, sociales et politiques du pays.
L’approche méthodologique retenue, dite intersectionnelle, a permis, pour la première fois au Maroc, de souligner les disparités existantes entre les différentes catégories de femmes et de filles et de montrer comment les interactions entre les multiples formes de discrimination se traduisent par des privations en termes de bien-être.
La particularité de cette approche intersectionnelle réside dans le fait qu’elle dépasse la notion considérant les femmes comme groupe homogène et universel et permet ainsi de visibiliser celles qui sont les plus marginalisées, vulnérables et exclues afin de mieux orienter les politiques publiques qui leur sont destinées et répondre à leurs besoins et attentes. Par ailleurs, l’analyse qualitative menée auprès de ces femmes, à travers la conduite d’entretiens approfondis et de focus groupes, a permis de mieux cerner le vécu de celles-ci, leurs difficultés, leurs attentes et leurs aspirations.
Il est ainsi ressorti de cette étude que :
Par ailleurs, l’étude montre aussi que les femmes démunies par rapport à une dimension du bien-être du fait de leur identité intersectionnelle ont souvent plus de risques de cumuler d’autres privations. En l’occurrence ;
Rappelons que l’intersectionnalité est un concept né à la fin du 20ème siècle (Kimberlé Crenshaw) et qui vise à rendre compte de la manière avec laquelle plusieurs caractéristiques identitaires (sexe, origine, classe sociale, lieu de vie, etc.) interagissent entre elles pour renforcer une ou des discriminations déjà présentes.